Pensé comme un espace d’expression, d’entraide et de valorisation, l'ePortfolio favorise l’autonomie des étudiantes et étudiants, tout en renforçant les liens entre les enseignements qui composent la formation. Un retour d’expérience concret, utile pour repenser ses dispositifs de formation dans une perspective intégrative et professionnalisante.
Le témoignage enseignant qui suit porte sur une démarche pédagogique structurée, ancrée dans les pratiques professionnelles et qui articule réflexivité, évaluation et accompagnement au développement des compétences.
[Musique de générique]
Voix off : selon vous, qu'est-ce que la démarche ePortfolio ?
Katell Thireau : la démarche ePortfolio est une démarche que nous avons proposée aux étudiants afin qu'ils puissent bénéficier d'un outil pour analyser leur parcours en amont de leur arrivée en formation, et également pour leur permettre de valoriser les compétences qu'ils acquièrent tout au long de la formation. C'est également un espace dans lequel ils peuvent rédiger de manière progressive leur rapport de stage. Rapport de stage qui est évalué en deux temps : une partie en semestre 1 et une deuxième partie en semestre 2. Mais c'est avant tout un moyen de développement professionnel pour nos étudiants. Nous les accompagnons à travailler leur identité professionnelle. C'est avant tout un catalyseur de partage d'expériences. Nous essayons de faire travailler les étudiants sur leur connaissance d'eux-mêmes, la connaissance des autres et de favoriser ainsi l'entraide entre étudiants.
Voix off : dans quelle formation est-elle mise en place et depuis quand ?
Katell Thireau : la démarche ePortfolio a d'abord été déployée sur la formation DU, diplôme universitaire Assistant des bibliothèques et de la documentation en 2015. C'est une formation qui est proposée aux étudiants en partenariat avec le Centre de formation aux carrières des bibliothèques Bretagne Pays de la Loire. Et puis nous avons poursuivi cette démarche auprès des étudiants de licence professionnelle Métiers du livre, ainsi que les étudiants en licence de Lettres parcours Métiers du livre, et également les étudiants en master Métiers du livre et de l'édition.
Voix off : quel a été le déclic pour mettre en place la démarche dans votre formation ?
Katell Thireau : alors le déclic s'est appuyé sur les pratiques professionnelles. Dans les années 2015-2017, il y a eu une vraie évolution dans les missions des bibliothécaires, à savoir l'utilisation d'outils de technologie numérique, notamment pour la création de contenus et donc, il était important d'accompagner les étudiants à développer des compétences en publication numérique. C'était aussi l'occasion de renouveler la rédaction du rapport de stage. Jusqu'à présent, c'était un dossier en format PDF, et là nous proposons un rapport de stage dynamique avec des contenus interactifs multimédia. L'autre intérêt que nous y voyions, c'était de faire des liens entre les différents enseignements de la formation, à travers les productions qui sont déposées sur ce portfolio, et puis surtout susciter l'entraide entre étudiants. Nous leur mettons à disposition un espace de partage collaboratif, sur lequel ils peuvent consulter les portfolios des différents étudiants.
Voix off : avez-vous collaboré avec des étudiants ou d'autres collègues ?
Katell Thireau : nous avons collaboré et surtout échangé dans un premier temps avec Elsa Chusseau, qui est du Service universitaire de pédagogie [le SUP est devenu la Direction d'Appui à la Pédagogie (DAP) en septembre 2023], qui l'utilisait déjà avec des étudiants en sciences de l'éducation et qui nous a donné envie de développer cette démarche. Et puis, bien entendu, avec l'ensemble des enseignants de l'équipe autour des métiers du livre.
Voix off : comment vous y êtes-vous pris et quelle méthodologie avez-vous utilisée ?
Katell Thireau : la méthodologie a été organisée en trois temps en fait. Nous avons construit un dispositif d'accompagnement. Ce dispositif est échelonné sur l'ensemble de l'année, à travers un calendrier très précis que nous diffusons aux étudiants, et puis différents documents que nous déposons sur la plateforme d'apprentissage Cursus, et notamment un guide du stagiaire qui est très très développé. Nous avons proposé aux étudiants une démarche de monitorat informatique. Ce sont des cours, un accompagnement pour les étudiants qui sont un peu en difficulté sur les technologies informatiques et numériques. Et puis enfin, c'est assez récent et c'est surtout pour la formation du DU Assistant des bibliothèques et de la documentation, qui est un petit peu moins chargé. Ce sont des ateliers de pratique réflexive que nous avons proposés. Ces ateliers, c'est un vrai déclencheur pour engager les étudiants à rédiger dans la rubrique "carnet de bord", qui est une rubrique particulière qu'on propose. Une rubrique facultative, dans laquelle les étudiants sont amenés à rédiger soit des expériences vécues en stage, soit une réflexion autour de leur apprentissage.
Voix off : qu'est-ce que vous avez particulièrement réussi ou moins bien ?
Katell Thireau : alors, au niveau de la réussite, c'est véritablement un moyen de développement professionnel. On le voit chaque année. Les étudiants apprécient de pouvoir valoriser leurs compétences et leurs productions tout au long de l'année à travers ce portfolio, et surtout la possibilité de réinvestir tous ces travaux et compétences en stage. Ce qui est aussi considéré comme une réussite chez nous, c'est la sensibilité aux compétences douces. On accompagne les étudiants à identifier leurs compétences douces, notamment la créativité, l'adaptabilité et surtout la confiance en soi. Et puis dernière réussite, c'est l'impact sur l'insertion professionnelle. De nombreux étudiants utilisent ce portfolio comme un outil de candidature. C'est un outil qui permet de laisser beaucoup de traces sur ses productions et sur son activité pendant la formation. Donc, à travers un QR Code qu'ils déposent sur le CV par exemple, ils l'utilisent dans ce sens-là. Et en termes de progression, alors on a identifié deux points, mais il y en a forcément beaucoup plus. Mais en tout cas, le premier, c'est développer l'entraide entre étudiants. Ça, c'est quelque chose qui nous tient particulièrement et notamment, nous avons prévu de le formaliser cette année à la rentrée. On va organiser un dispositif d'entraide, on va essayer en tout cas. Et puis deuxième progression, c'est accompagner les étudiants à lutter contre l'appréhension des technologies numériques. Ça reste encore chez certains d'entre eux. Et voilà.
Voix off : auriez-vous des conseils à donner à des collègues qui souhaiteraient mettre en place la démarche dans leur formation ?
Katell Thireau : alors quelques conseils, parce qu'on s'est rendu compte que c'était assez important dans la réussite de nos étudiants. C'est d'abord l'intégration des différentes productions aux évaluations du semestre 1 et du semestre 2. Ça aussi, ça engage les étudiants. De prévoir également un dispositif d'accompagnement, dont un accompagnement sur la publication numérique. Ça, les étudiants aussi apprécient, ils nous font des retours là-dessus. Cet accompagnement est assez précis tout au long de l'année. Ce que nous avons constaté, c'est aussi la place du non-prescrit que nous laissons aux étudiants. C'est-à-dire que c'est vraiment l'occasion de laisser la place à leur créativité. On récupère de très belles productions de nos étudiants. Et puis enfin, l'atelier de pratique réflexive, c'est un vrai plus. Les étudiants apprécient également dans le travail autour de l'identité professionnelle, le développement professionnel. Ça leur permet aussi de progresser dans leur apprentissage tout au long de la formation. Et puis on les sensibilise aux savoirs d'action, ce qu'on appelle les savoirs d'action. Ce sont des savoirs utiles pour comprendre, orienter et gérer des actions futures en situation de travail.
Voix off : merci Katell.
[Musique de générique]